L’imaginaire des portraits
11/05/2014
Aujourd’hui, nous allons traiter un sujet que j’affectionne particulièrement, propre à mon univers.
Il est bon parfois de sortir du contexte des portraits classiques, en s’aventurant à créer toute une atmosphère autour d’un portrait.
Pour commencer, nous allons parcourir et détailler les différentes étapes dans l’élaboration d’un shooting photo hors des studios.
Préparation
- Choix du lieu/arrière plan original, de préférence avec de la perspective et du relief. Un arrière- plan avec de la vie, et des informations est souvent plus intéressant. Même si ensuite  vous désirez le rendre flou par une profondeur de champ ultra courte, un arrière-plan sera plus enclin à diverses retouches s’ il possède de la matière.
- Choix du modèle qui sache proposer des expressions, créer des sentiments et de l’émotion. Pensez aux jeux d’acteurs dans certains films, à des expressions avec de l’empathie et de l’intensité.
- Bien établir la logistique du shooting en fonction des saisons, favoriser les « heures dorées » c’est-à dire autour du coucher ou du lever du soleil. Le crépuscule offre une lumière particulière. Ma préférence va au coucher du soleil car le  matin je privilégie mon lit à mon reflex.
- N’hésitez pas à user d’accessoires qui pourraient pimenter votre shooting: fumigènes, machines à bulles, ballons de couleur, plume, confettis etc. Ces accessoires ne sont pas destinés à  apporter une touche festive mais une dimension onirique, surnaturelle ou fantastique. Par exemple une explosion de confettis argentés en arrière-plan, plongé dans le bokeh, apportera une touche artistique très appréciable.
- Faites appel à une maquilleuse et/ou styliste, cela conférera au shooting une note de professionnalisme, plus de choix lors des prises de vue et des retouches mais surtout une qualité finale meilleure des images.
Sur le vif
- Inspectez la lumière naturelle, prêtez attention au positionnement du modèle vis-a-vis du soleil et des rayons lumineux. Osez les différentes manières de capturer la lumière, ainsi un contre-jour maîtrisé peut devenir un allié et créer des effets contrastés en ajoutant de la lumière aux cheveux de votre modèle par exemple. Le rendu est souvent enchanteur et évincera le coté statique de la photo.
- Si vous êtes muni d’un flash déporté, la technique du clair-obscur sur votre portrait est  intéressante pour amener un « 3D look » . Le clair-obscur fait souvent ressortir davantage le sujet de son arrière- plan par un mélange lumière/ombre apportant un coup de punch au sujet. Vous serez loin du rendu flat qu’un flash en direct  posé sur la griffe de votre reflex pourrait entraîner.
- Dans le cas d’un arrière- plan lumineux, l’emploi d’un fumigène pourra produire une ambiance féerique et mystérieuse, avec des jeux de couleurs originaux. On trouve les fumigènes dans les magasins de costumes/farces et attrapes.
- Si possible, n’hésitez pas à jouer avec les éléments de votre lieu de shooting. Par exemple, s’ il y a de la poussière partout, exploitez-la, faites en virevolter dans votre scène, ça créera une atmosphère  magique, parfois par un simple balayement de pied. Cela pourrait se faire avec des feuilles d’arbres, des fleurs ou encore d’énormes flaques d’eau.
- L’expression du modèle est capitale, une expression trop neutre, effacée apportera moins de caractère à l’image. N’hésitez pas à diriger votre modèle, lui expliquant votre attente en terme d’émotion, de sentiment afin d’apporter empathie et ainsi crédibilité à vos  images.
- A mon sens, il n’y a rien de plus beau qu’une image qui sache raconter une histoire, engendrer des questions et enclencher notre’imagination.
- Suggérez à votre modèle de bouger, de marcher voire même de danser. Ce sont souvent les poses et expressions spontanées qui sont les plus accrocheuses.
- Bien sûr c’est du cas par cas, si vous faites un shooting high-fashion où le stylisme doit être mis en avant, une expression neutre et sobre sera peut-être plus appropriée.
- N’hésitez pas à courir partout durant votre shooting, ne restez pas immobile à la même hauteur du modèle, tout mérite d’être tenté, peu importe l’angle que se soit en plongée ou radicalement allongé par terre, shootant en contre- plongée. Il est aisé d’apporter une nouvelle perspective à votre photo en variant légèrement votre position ou angle en fonction du modèle.
Accordez-vous une grande part d’improvisation, préparer un shooting à l’excès amène parfois des images prévisibles et trop « faciles ». L’imprévu apporte des belles inspirations en fonction de petits détails comme un scintillement de lumière, une soudaine expression ou encore un lieu découvert par hasard.
Le travail créatif est un jeu, les plus belles photos peuvent naître du hasard, laissez votre imagination prendre les commandes durant le shooting et osez, shootez!
En postproduction
Le tri des photos dans votre catalogueur favori (lightroom, capture one, aperture) est  une étape importante en postproduction, à ne surtout pas négliger. A faire patiemment et avec minutie, parfois même à deux reprises pour être certain de la sélection des photos. Je commence par supprimer toutes les » crasses », les photos techniquement ratées pour ensuite ne laisser que du consistant en terme de qualité d’image. La deuxième étape de mon tri, plus précise, consiste à dénicher la crème des crèmes, les photos qui parlent ou qui ont un potentiel. Après avoir sélectionné vos photos préférées, la troisième et dernière étape aborde la sélection finale avant retouche sur Photoshop. Idéalement, vous devriez trouver vos coups de cœur. Il est utile de les comparer,  de les regarder de près comme de loin (il m’arrive de reculer de trois mètres pour apprécier l’image dans sa globalité). Il est intéressant de sortir de son statut de photographe « Est-ce que cette photo me parle, qu’a t’elle de particulier ? »
Au diable la quantité, tentez de favoriser avant tout un travail qualitatif. Une grande sélection risque de vous rendre moins crédible.
Sur Photoshop, avant de foncer sur les retouches à coups de pinceau, prenez quelques minutes pour  inspecter la photo dans sa globalité et voir ce qui mérite d’être rectifié, amélioré. La retouche est aussi un travail basé sur la réflexion et la mise en scène : Qu’est-ce qui doit être mis en valeur ? Pourquoi ? Où diriger le regard du spectateur ? Quelle ambiance apporter ? Quel sentiment faire passer au travers de l’image ?
Il existe une multitude d’outils permettant d’orienter la lecture de la photographie comme bon vous semble et lui apporter une ambiance particulière.
Pour commencer, il est bon de savoir ce qu’il faut mettre en valeur pour apporter compréhension et cohérence. J’estime qu’il est inutile d’apporter des coups de netteté et de clarté à un arrière- plan au détriment du portrait, ce n’est pas agréable de se perdre dans une image et ne pas savoir où regarder, comment l’interpréter.
Ensuite jouer avec les couleurs est capital, vous pourrez imposer à votre photographie une ambiance simplement avec une teinte ou un rendu bien défini.
Par exemple, quand vous réglez principalement vos couleurs autour du bleu, cette couleur froide engendrera des sentiments tels que la nostalgie, la mélancolie, la tristesse etc…
A l’opposé, jouer avec les teintes chaudes comme l’orange ou le jaune apportera à votre image une certaine chaleur, une note de bonheur ou de gaieté.
Bien sûr, mettre en œuvre ces deux opposés est intéressant, ce genre de contrastes est  utilisé dans le film « Drive » de Nicolas Winding.
C’est valable pour les autres teintes, par exemple les teintes verdâtres se marient  bien avec le magenta.
A coté des couleurs, les dégradés de lumière sont intéressants pour donner du punch à la photo, n’hésitez pas à vous  familiariser avec cet outil éponyme de Photoshop. Une photo présentant des hautes et basses lumières gagnera en relief et texture.
N’hésitez pas à retoucher vos images de manière localisée, il est indispensable de traiter les couleurs une par une, il en est de même pour le contraste. Par exemple il est plus logique de contraster ce qui mérite d’être focalisé dans l’image, là où les yeux devraient se poser principalement.
Faites des pauses pendant votre flux de traitement colorimétrique, on risque de s’enliser dans un rythme machinal où la rigueur et la créativité disparaissent. Revenir sur sa photo le lendemain est une bonne idée, avoir un nouveau regard sur ses créations permet parfois d’éviter certains abus de traitement.
Conseils de fin :
Faites des photos qui vous plaisent, qui vous touchent et non pas pour plaire au public, vous serez plus passionné et créatif si vous restez spontané.
Si vous avez une idée, même farfelue, n’hésitez pas à foncer pour la mettre en pratique. Mettez-vous au service de votre passion.  Des grains de folie peuvent déclencher des superbes photos, lâchez-vous et osez.
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